AVAC : tout savoir sur l'accouchement vaginal après césarienne

De plus en plus de femmes qui ont vécu une première césarienne souhaitent accoucher par voie basse lors d'une grossesse suivante. Et pour cause : l'AVAC est aujourd'hui reconnu par les sociétés savantes comme l'option à privilégier dans la grande majorité des situations, lorsque la grossesse se déroule bien et que la première césarienne n'a pas présenté de complications majeures.

Pourtant, face à ce projet, de nombreuses femmes se heurtent encore à des réticences médicales, des protocoles restrictifs ou des discours anxiogènes sur les risques. Cet article t'apporte toutes les clés pour comprendre l'AVAC, ses véritables enjeux, et comment s'y préparer concrètement.

Sommaire de cet article

Qu'est-ce qu'un AVAC ?

AVAC signifie Accouchement Vaginal Après Césarienne. Il désigne la naissance d'un bébé par voie basse après une ou plusieurs césariennes antérieures.

Lorsqu'il s'agit d'une première tentative, on parle aussi de TVBAC (Tentative de Voie Basse Après Césarienne).

Un changement de paradigme

Pendant longtemps, l'adage "césarienne un jour, césarienne toujours" a prévalu dans le milieu médical. Cette croyance, qui remonte au début du XXe siècle, a progressivement été remise en question.

Aujourd'hui, les recommandations officielles ont évolué, et les études montrent que 70 à 80% des femmes qui tentent un AVAC réussissent à accoucher par voie naturelle. En France, environ un tiers des femmes ayant un antécédent de césarienne accouchent par voie basse.

Dans quels cas l'AVAC est-il possible ?

L'AVAC est envisageable lorsque :

  • La cicatrice de la césarienne précédente est transversale basse (c'est le cas dans plus de 95% des situations). Les cicatrices verticales (césariennes corporéales) présentent un risque plus élevé et sont généralement contre-indiquées.

  • La grossesse actuelle se déroule sans pathologie particulière nécessitant une césarienne (placenta prævia, présentation transverse, etc.).

  • La précédente césarienne n'a pas laissé de complication majeure (infection sévère, rupture utérine, hémorragie massive).

Certaines sages-femmes qui pratiquent l'accouchement à domicile (AAD), acceptent de suivre les cas de TVBAC avec une surveillance accrue de certains facteurs de risque, notamment l'emplacement du placenta dans l'utérus.

Et après plusieurs césariennes ?

Contrairement à certaines idées reçues, l'AVAC reste possible après deux césariennes, avec des taux de réussite comparables à ceux d'un AVAC après une seule césarienne.

La Haute Autorité de Santé préconise la voie basse après une unique césarienne et l'autorise après deux césariennes. À partir de trois césariennes, la décision doit être prise au cas par cas avec une équipe expérimentée.

Femme et nourrisson après accouchement par voie basse après césarienne

Les véritables bénéfices de l'AVAC

Pour la maman

  • Récupération physique beaucoup plus rapide : pas de cicatrice abdominale à gérer, mobilité immédiate

  • Si accouchement en maternité, séjour hospitalier plus court (généralement 2-3 jours au lieu de 4-5)

  • Meilleure mise en place de l'allaitement grâce au contact peau à peau immédiat et à la production hormonale naturelle

  • Mortalité maternelle réduite : 1,9 pour 100 000 contre 9,6 pour 100 000 pour les césariennes programmées répétées

  • Moins de complications pour les grossesses suivantes : réduction du risque de placenta accreta, prævia, ou d'adhérences

Pour le bébé

  • Lien hormonal et émotionnel immédiat renforcé grâce au processus physiologique de la naissance

  • Colonisation intestinale optimale par la flore vaginale maternelle, ce qui a un impact sur son système imunitaire

  • Moins de problèmes respiratoires (comparé à une césarienne programmée)

Pour le couple

  • Expérience de naissance active et consciente : vous vivez ensemble ce moment intense

  • Sentiment d'accomplissement et de réappropriation du processus de naissance

  • Possibilité de guérison émotionnelle si la première césarienne a été vécue comme un traumatisme

Les risques à connaître (et à relativiser)

Le risque de rupture utérine

C'est le risque principal évoqué lors d'un AVAC, et il est important d'en parler honnêtement.

La rupture utérine survient dans environ 0,5% des AVAC, soit 1 cas sur 200. Cela signifie que dans 99,5% des cas, elle ne se produit pas.

En comparaison :

  • Le risque de rupture utérine avec une césarienne programmée est de 0,03% (soit 15 fois moins)

  • Mais le taux de mortalité maternelle est 5 fois plus élevé avec des césariennes programmées répétées qu'avec un AVAC

Facteurs augmentant le risque de rupture utérine :

  • Déclenchement artificiel, surtout avec des prostaglandines.

  • Intervalle court entre les grossesses (moins de 18 mois).

  • Si accouchement médicalisé (ocytocine de synthèse, péridurale...) : stagnation de la dilatation cervicale en phase active pendant plus de 3-4 heures malgré la correction des anomalies dynamiques

Les risques d'une nouvelle césarienne programmée

Les césariennes répétées comportent des risques réels et cumulatifs pour la mère et l'enfant, à court comme à long terme. Il est essentiel de comparer les deux options.

Risques pour la maman :

  • Mortalité maternelle plus élevée : 9,6 pour 100 000 contre 1,9 pour 100 000 avec un AVAC (soit 5 fois plus)

  • Hémorragie per-opératoire et post-opératoire

  • Infection de la plaie abdominale (5 à 10% d'infections nosocomiales)

  • Complications anesthésiques

  • Thrombose veineuse (phlébite, embolie pulmonaire)

  • Récupération longue et douloureuse (4-5 jours d'hospitalisation minimum)

  • Augmentation progressive du risque de placenta accreta avec chaque césarienne (anomalie grave d'implantation placentaire)

  • Impact sur les grossesses futures

Risques pour le bébé :

  • Mortalité néonatale augmentée : risque multiplié par 1,9 avec césarienne programmée (selon étude sud-américaine sur 97 095 naissances)

  • Bébé privé de la préparation hormonale naturelle à la naissance (adrénaline, maturation finale)

  • Absence de contact avec la flore vaginale maternelle (impact sur le microbiome intestinal)

  • Risque accru à long terme : asthme, allergies alimentaires, possiblement diabète de type 1

  • Réflexe de succion moins marqué, allaitement potentiellement plus difficile

  • Séparation mère-bébé plus fréquente (admission en néonatologie)

👉 Le choix n'est pas entre "risque" et "absence de risque", mais entre deux types de risques différents. C'est cela faire un choix éclairé.

Préparation d'un AVAC

Comment préparer un AVAC ?

S'informer dès le début de la grossesse

Plus tôt vous abordez le sujet avec l'équipe médicale, mieux c'est. N'hésite pas à :

  • Récupérer le compte-rendu opératoire de la césarienne précédente (les maternités ont l'obligation de le fournir sous demande)

  • Demander une consultation avec un·e obstétricien·ne ou une sage-femme pratiquant l'AAD favorable à l'AVAC

  • Poser toutes vos questions, même celles qui te semblent "bêtes"

Choisir le bon lieu de naissance

Si tu choisis d''accoucher en maternité, toutes les maternités n'ont pas la même politique concernant l'AVAC. Certaines sont très ouvertes, d'autres beaucoup plus restrictives. Renseigne-toi sur :

  • Le taux d'AVAC de la maternité

  • Les protocoles en place (péridurale obligatoire ? monitoring en continu ?) - rien de tout cela n'est obligatoire en cas d'AVAC et peut freiner la physiologie et augmenter donc les risques d'une nouvelle césarienne

Si le discours ne te convient pas, tu as le droit de chercher ailleurs.

Élaborer un projet de naissance

Rédiger un projet de naissance devient encore plus important dans le cas d'un AVAC. C'est un outil de dialogue avec les professionnel·le·s qui t'accompagnent.

Voici un générateur de projet de naissance qui aborde le cas spécifique des AVAC, afin d'être sûre de ne rien oublier.

Se préparer physiquement et mentalement

  • Préparation corporelle : massages de la cicatrice, yoga prénatal, haptonomie, ostéopathie

  • Préparation mentale : sophrologie, hypnose, visualisation positive, travail sur les peurs liées à la première césarienne

  • Accompagnement psychologique si la première naissance a laissé des traces émotionnelles

  • Éventuellement, soutien d'une doula pour une présence continue et rassurante

L'emplacement du placenta : un point à surveiller

Un élément crucial à vérifier lors des échographies : l'emplacement du placenta.

Si le placenta vient se coller sur la cicatrice de la précédente césarienne, il y a un risque plus important d'hémorragie. Dans ce cas, une césarienne programmée peut être recommandée.

En revanche, si le placenta n'est pas à cet emplacement, le risque est tellement faible que certaines sages-femmes acceptent même d'accompagner des AVAC à domicile.

N'hésite pas à poser explicitement la question à l'échographe lors de chaque examen.

Et si ça se termine par une nouvelle césarienne ?

Un AVAC, ce n'est pas une compétition. Il n'y a ni réussite ni échec, seulement un cheminement.

Même si le travail se termine en césarienne, la démarche reste profondément différente d'une césarienne programmée d'emblée :

  • Ton bébé aura décidé de sa venue au monde, au moment où il était prêt

  • Tu auras vécu activement une partie du processus de naissance

  • Ton corps aura eu l'opportunité de se mobiliser physiologiquement

Ce vécu peut être transformateur en lui-même, car il redonne une place au corps, à la confiance, et à la puissance de la naissance. Certaines femmes témoignent que leur "AVAC raté" les a davantage guéries émotionnellement que si elles avaient programmé d'emblée une seconde césarienne.

Nourrisson né par AVAC

Ce que disent les recommandations officielles

Les recommandations du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) de 2012 sont claires : "La TVBAC est l'option à privilégier dans la grande majorité des cas. Peu de situations cliniques justifient en elles-mêmes une césarienne programmée après césarienne."

Le rapport bénéfices/risques pour la mère à court et à long terme est favorable à la TVBAC (accord professionnel).

L'American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) a également adopté la recommandation de ne pas restreindre l'accès des femmes aux AVAC.

Ce qui est important à retenir :

Si un·e professionnel·le te dit que tu "n'as pas le droit" à telle ou telle option du fait de ton antécédent de césarienne, c'est son protocole ou celui de sa structure, pas une vérité absolue. Dans ce cas, n'hésite pas à consulter d'autres professionnel·le·s.

FAQ : vos questions fréquentes sur l'AVAC

Puis-je faire un AVAC après deux césariennes ?

Oui. Les études récentes montrent que les taux de réussite et de complications sont similaires après une ou deux césariennes. La Haute Autorité de Santé autorise l'AVAC après deux césariennes. C'est à partir de trois césariennes que la césarienne programmée devient plus souvent recommandée, mais chaque situation doit être évaluée individuellement.

La péridurale est-elle obligatoire lors d'un AVAC ?

Non, absolument pas. Bien que certaines équipes la recommandent (pour pouvoir réaliser rapidement une césarienne sous péridurale si nécessaire), elle n'est pas obligatoire. Tu as le droit de refuser la péridurale lors d'un AVAC, même si certains professionnel·le·s tentent de te faire croire le contraire. C'est un choix personnel qui t'appartient.

Peut-on déclencher un AVAC ?

Oui, mais avec précautions. Le déclenchement artificiel augmente le risque de rupture utérine et réduit les chances de succès de l'AVAC. Si un déclenchement est nécessaire, les méthodes mécaniques (sonde de Foley, amniotomie) sont préférables aux prostaglandines qui augmentent significativement le risque de rupture utérine.

Quels sont les signes d'une rupture utérine ?

Les signes pouvant alerter sont :

  • Douleur abdominale intense et inhabituelle

  • Saignement vaginal anormal

  • Anomalies du rythme cardiaque fœtal (détectées par le monitoring)

  • Sensation de "déchirure" ou changement brutal dans les sensations

C'est pourquoi un monitoring du rythme cardiaque du bébé est recommandé pendant le travail lors d'un AVAC (mais pas forcément en continu car cela représente des risques également).

Combien de temps attendre entre une césarienne et un AVAC ?

Il est recommandé d'attendre au moins 18 mois entre la césarienne et l'accouchement suivant pour réduire le risque de rupture utérine. Cet intervalle permet à la cicatrice utérine de bien cicatriser.

L'AVAC est-il possible en cas de grossesse gémellaire ?

Oui, la grossesse multiple ne constitue pas une contre-indication absolue à l'AVAC, bien que les données soient limitées. Cela nécessite une discussion approfondie avec une équipe expérimentée et une surveillance attentive.

Qu'est-ce qu'un "AVAC guérisseur" ?

Certaines femmes décrivent leur AVAC comme un véritable rituel de guérison. Au-delà de la simple réussite d'un accouchement par voie basse, l'AVAC peut permettre :

  • Une réconciliation avec son corps, perçu comme "défaillant" après la césarienne

  • Une réappropriation de sa puissance et de sa capacité à enfanter

  • Une libération des traumatismes ou croyances limitantes liées à la première naissance

  • Une reprogrammation corporelle : les muscles, le bassin, le périnée qui n'avaient pas pu s'ouvrir trouvent là une occasion de le faire

Cette dimension de guérison ne doit pas être sous-estimée dans le projet d'AVAC.

En résumé : les points clés à retenir

  • 70 à 80% des AVAC réussissent

  • L'AVAC est l'option recommandée par les sociétés savantes dans la majorité des cas

  • Le risque de rupture utérine reste faible (0,5%)

  • La mortalité maternelle est plus faible avec un AVAC qu'avec des césariennes répétées

  • L'AVAC est possible après deux césariennes

  • Tu n'es pas obligée d'accepter la péridurale

  • Tu as le droit de chercher une autre maternité si la première ne respecte pas ton projet

Pour aller plus loin

N'hésite pas à utiliser le générateur de projet de naissance, à télécharger la checklist des questions à poser à la sage-femme. Tu peux aussi recommander le programme audio Gardiens de la Naissance à ton partenaire, si tu es en couple hétérosexuel, afin qu'il puisse se préparer à défendre votre projet, à être un pilier quand tu ne seras plus en mesure de le faire.

Sources

Photos : Patricia Prudente / Unsplash, Olivia Anne Snyder/ Unsplash, Jeferson Santu / Unsplash, Carlo Navarro / Unsplash

Article référencé dans le wiki de la naissance

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